AVERTISSEMENT
Le texte qui suit porte sur la sexualité. Il n'est donc pas destiné à nos jeunes lecteurs !
CHAPITRE IV
DISCUSSION
Le caractère singulier de notre problématique nécessite un développement spécifique qui le situe, pour partie, en dehors du système référentiel qui préside à la rédaction d’un article scientifique. Cela tient à une raison essentielle : la sexualité, bien que « scientifiquement éclairée, chimiquement assistée, techniquement appareillée » n’en demeure pas moins énigmatique. Comment cerner en quelques chiffres, obtenus à partir d’une centaine de couples une notion aussi complexe ? Comment intégrer ce mystérieux révélateur de l’être à lui-même et à l’autre avec ses fantasmes, ses peurs, son ambiguïté, sa vulnérabilité, ses défenses où se mêlent amour, haine, joie, tristesse, angoisse, violence ? Comment l’analité intervient-elle dans cette problématique ? [137]
Nous avons dès le début séparé sexualité consentie et abusée, sexualité sans risque et à risque. Mais la sexualité anale renvoie peut-être plus encore à la violence dont elle est issue. Sexus vient de secare que les médecins connaissent bien, et les chirurgiens encore mieux : couper, sectionner, disséquer… Cette section est fondatrice de la sexualité. Platon dans Le Banquet [110] et M. Foucault dans son Histoire de la sexualité [52] [53] [54] nous expliquent qu’à l’origine nous étions sphériques comme les astres avec « des parties honteuses en double ». Notre incommensurable orgueil troubla l’ordre du Cosmos et menaça les Dieux. Zeus mis un terme à l’insolence de l’Homme en le coupant en deux ! Depuis lors, ainsi sectionnés, il reste aux Hommes la sexualité pour retrouver leur unité primitive : celle de la félicité.
La sexualité anale pose depuis toujours un problème moral et éthologique en ce sens qu’elle se détourne de la procréation et porterait atteinte à l’espèce et au bon fonctionnement de la cité. C’est encore Platon dans Les Lois [110] qui, en 347 av. J.-C. soutient qu’il faut « se conformer à la nature dans nos rapports » pour ne pas « porter à l’espèce humaine un coup fatal ». Cet interdit a franchi les siècles avec son cortège d’hypocrisie, d’injustice, de ségrégation et de malheur. Il faudra attendre S. Freud pour lever le veto de la procréation et enfin comprendre la sexualité comme source vitale, processus énergétique, système de médiation réciproque entre les êtres. La sexualité anale, inconsciemment construite à partir du stade freudien du même nom, a toute sa place au sein de la sexualité en général. Son expression dépend de la façon dont chacun a « résolu son analité ». [55] [113] Ovide dans son « art d’aimer » ne nous dit rien sur notre sujet. [105]
La sexualité anale se résume presque immanquablement à la sodomie dont nous ne rappellerons ni la définition, ni l’étymologie. Nous entendons ce vocable dans son acception usuelle en France. Jusqu'au XVIIe siècle, le terme sodomie recouvrait un ensemble de relations sexuelles réprouvées, pas seulement anales ou homosexuelles. [16] Il faut savoir cependant qu’il en est différemment dans d’autres langues : en allemand : sodomie et en norvégien sodomi, ne font aucunement référence à la pénétration anale mais désigne la zoophilie. Dans certaines classifications légales de certains États fédérés des États-Unis, le terme anglais « sodomy"inclut d’autres pratiques sexuelles jugées déviantes par certains, notamment le cunnilingus et la fellation. Le 7 décembre 2001, après une pétition relayée par la Naz Foundation India Trust, la Cour Suprême Indienne a déclaré anticonstitutionnelles les lois prohibant la sodomie en Inde. [162] La cour suprême des États Unis a légiféré en ce sens en 2003. Il existe plus de lois sur la sodomie dans le sud des USA que dans le nord. [161] Pour tout savoir sur les lois qui régissent les pratiques anales selon les pays (notamment ceux qui punissent de mort ou de prison à vie) visitez le site incontournable : http://www.sodomylaws.org
Qui pratique la sodomie ? En premier lieu, comparons la pratique de la sodomie au cours des cinquante dernières années, à travers les célèbres rapports Kinsey [80] [81], Simon [134], Spira [141], Bajos [8] [109] et notre modeste panel :
Kinsey 1948-53 | Simon 1970 | Spira 1992 | Bajos 2006 | Vove 2010 | H | F | H | F | H | F | H | F | H | F | |||||
- | - | 19 | 14 | 30 | 24 | 45.1 | 37.3 | 71 | 52 |
Nous verrons plus loin que l’évolution est essentiellement le fait de la modification du comportement sexuel des femmes depuis la libération sexuelle. La pratique de la sexualité anale au sein du couple est inversement proportionnelle à l’âge de cette dernière.
Dans notre panel 71% des hommes et 52% des femmes répondent par l’affirmative à la question : pratiquez-vous la sodomie ? Si on interroge les couples en cherchant les réponses concordantes : 26% des couples répondent oui, on aime et 2% : oui mais on n’aime pas trop.
Comparons nos résultats aux chiffres d’autres enquêtes :
Nous avons 21 femmes de moins de 35 ans dont 13 « oui j’aime » et 31 femmes de 35 ans et plus dont 16 « oui j’aime » Les chiffres pour un seuil à 30 ans sont respectivement : 29 femmes, 11 dont 7 « oui j’aime » et pour les 30 ans et plus 71 femmes dont 22 « oui j’aime »
Pour IFOP en 2008 publié dans ELLE [164] sur 485 femmes de moins de 35 ans 9% ont recours à la sodomie : 6 par plaisir, 2 par gentillesse, 1 par obligation mais 25% ne se prononcent pas. Les chiffres sont quasi identiques pour les plus de 35 ans avec 33% sans réponse.
T. Puy-Montbrun et Coll. rapportent 32% de sodomie chez les étudiantes américaines. [49] Dans l’enquête de N. Bajos de 1993, 29% de Françaises pratiquent la sodomie : 3% régulièrement et 10% occasionnellement. [8] [137] [141] L’édition 2008 de cette même enquête porte sur des chiffres collectés en 2006. Pour les auteurs, « fellation et cunnilingus sont devenus une composante très ordinaire du répertoire sexuel des individus et des couples ». Mais « ce n’est pas le cas de la pénétration anale ». En 1992, 24% des femmes et 30% des hommes déclaraient en avoir fait l’expérience. En 2006, ils sont respectivement 37 et 45%. La sodomie, même si elle se diffuse, reste une pratique plus occasionnelle que régulière : entre 25 et 49 ans, 12% des femmes l’ont pratiqué souvent ou parfois dans l’année. Dans notre panel, il y a 69 femmes de 25 à 49 ans. 35 pratiquent la sodomie, 15 n’aiment pas trop, 20 disent oui et j’aime. 19 sont en couple avec un homme qui aime aussi. Pour Bajos et coll. en 2006, les hommes entre 20 et 49 ans qui pratiquent la sodomie se situent entre 15 et 18%. Nous avons 73 hommes de 20 à 49 ans. 22 pratiquent la sodomie, dont 20 aiment. Ils sont tous en couple avec une femme qui donne la même réponse. Toujours pour Bajos après 60 ans, 26% des femmes et 34% des hommes l’ont expérimenté. L’auteur affirme que la sexualité anale est plus difficilement déclarée par les femmes, sans doute du fait d’une « réticence spécifique de leur part ». Pour nous, 2 des 5 femmes (40%) de plus de 60 ans utilisent la sodomie et 5 hommes parmi les 9 de plus de 60 ans (55%).
N. Grafeille, dans un ouvrage de 2009, [151] rapporte d’après Spira 15% de sodomie chez les femmes de 55 à 69 ans. Nous avons 14 femmes de cet âge. 7 (50%) pratiquent la sodomie : 3 aiment ça, 4 pas trop. Hélas dans le chapitre consacré aux hommes les auteurs n’abordent pas le sujet.
Un sondage réalisé par la SOFRES pour Marie-Claire en 2001 a interrogé 500 femmes françaises sur leur sexualité. Cette enquête très fouillée comportait dix-sept questions. La sodomie y est mentionnée deux fois. « Pour chacune des pratiques sexuelles suivantes indiquez si au cours de votre vie vous les avez pratiquées souvent, de temps en temps, rarement, jamais ». À la rubrique : « Vous faire pénétrer par l’anus (sodomie) », 10 femmes pratiquent et aiment ça, 19 pratiquent mais n’aiment pas ça, 3 ne l’ont jamais fait mais aimeraient essayer, 36 ne le feraient en aucune façon et 23 ne se prononcent pas. (Bizarrement les réponses ne correspondent pas à la question posée). Enfin, la dernière question de ce sondage porte sur les fantasmes : « quels sont ceux pour lesquels vous avez le plus d’aversion qui vous repoussent le plus ? » La sodomie obtient 44%, au sixième rang, après les animaux, la prostitution, la masturbation en public, le sexe avec un travesti et l’amour à plusieurs. 19% sont sans opinion. [Cette enquête figurait sur le site marieclaire.fr en 2008. Elle n’est plus disponible.]
Une enquête tns-sofres publiée en avril 2009 pour RTL et le Nouvel Observateur a interrogé 1000 personnes de 18 ans et plus via un enquêteur à domicile. [167]
Avez-vous, au cours de votre vie, pratiqué la pénétration anale ? Réponse de l’ensemble : jamais : 57%. Total des oui : 27% : rarement : 17%, de temps en temps : 8%, souvent : 2% et sans opinion : 16%. Parmi ceux qui sont d’accord, on compte 34% d’hommes et seulement 20% de femmes. À titre de comparaison, pour la fellation on obtient : jamais : 40%, total des oui : 43% (13, 21, 9, 17% respectivement) et pour le cunnilingus : jamais 39%, total des oui : 43% (14, 19, 10, 18% respectivement).
Fellation | Cunnilingus | Pénétration anale | Jamais | 40 | 39 | 57 | |||||||||||||||||
Sans opinion | 17 | 18 | 16 |
Une autre enquête tns-sofres « ce que veulent les femmes de 20 à 29 ans » de septembre 2009 a interrogé 400 individus. 17% considèrent la sodomie comme une pratique qui existe et dont on parle facilement, 6% que c’est une pratique banalisée et 50% considèrent qu’on n’en parle pas facilement. [167]
Dans une étude américaine ancienne de 1977 portant sur 526 femmes 25% avaient essayé la sodomie et 8% pratiquaient régulièrement avec satisfaction [137]. Dans une autre étude réalisée entre 2000 et 2001 sur 1348 adolescents et adultes jeunes (15-21 ans) vivant dans trois grandes villes des USA, une «recent anal intercourse» était rapportée par 16% des jeunes. Les femmes ayant recours à la sodomie avaient plus fréquemment deux partenaires ou plus et avaient déjà expérimenté des rapports forcés (coerced intercourses). [89] Deux études ont été réalisées aux USA en 1996 et 1997 à l’aide d’un questionnaire anonyme remis à 2026 étudiants (9th-12th grades, soit 14-17 ans) n’ayant jamais pratiqué de pénétration vaginale. 42% des garçons et 53% des filles étaient vierges. Ces dernier(e)s rapportaient au cours de l’année passée 9% de fellation, 10% de cunnilingus et seulement 1% de sodomie. [126] [127]
Les Canadiens ne sont pas en reste : ils ont interrogé 11000 personnes entre 10 et 11 février 2008. [168] Les pratiques les plus courantes concernent le sexe oral : 85% des hommes et des femmes de moins de 50 ans, 58% au delà de 50 ans. On ne trouve aucun chiffre sur la pratique de la sodomie mais uniquement, « un souhait d’expérimenter le sexe anal » chez 20% des répondants. Le massage prostatique reste anecdotique, au même rang que la maïeusophilie, le sexe en public ou en apesanteur.
J.E. Rodgers, dans son ouvrage : Sex A Natural History, mentionne une enquête réalisée aux États-Unis auprès de 3432 hommes et femmes de 18 à 25 ans. 83% des hommes et 78% des femmes trouvaient « very appealing » le sexe vaginal, 50% des hommes et 33% des femmes appréciaient le « receiving oral sex », 37% des hommes et 19% des femmes le « giving oral sex » et enfin un quart ont aussi essayé le sexe anal. (A fourth have tried anal sex, too) [118]
Les enquêtes historiques se sont peu ou pas intéressées à la sexualité anale.
W.H. Masters et V.E. Johnson, dans les « Human Sexual Responses » [97] évoquent l’ « external rectal-sphincter » dans le comportement du rectum lors de l’orgasme féminin. Dans les « Human Sexual Inadequacy » [98] ils mettent en garde contre les infections vaginales si la sodomie précède le coït vaginal. Anus et rectum ne sont pas clairement différentiés.
On pourrait attendre plus du nouveau rapport Hite qui collige des données récoltées de 1972-73 jusqu’aux années1994-2000. [73] Presque neuf-cents pages ! La masturbation, l’orgasme, le coït y sont décrits, classés, répertoriés avec un tel luxe de détails ! 1844 femmes : 690 pour le questionnaire I, 919 pour le II et 235 pour le III. En commençant par la fin, en épluchant les annexes, on peut voir que le questionnaire I de 1972 comporte soixante-trois questions. Une seule parle de l’anus : la 26ème : Aimez-vous les caresses rectales ? Quelle sorte ? Aimez-vous être ainsi pénétrée ? Vous le demande-t-on souvent ? Combien de fois avez-vous accepté ? Le questionnaire II de janvier 1973 comprend 57 questions : la 24ème : Aimez-vous les caresses rectales ? Quelle sorte ? Aimez-vous la pénétration rectale ? Dans le questionnaire III de juin 1973 il n’y a plus de question sur la sodomie dans les cinquante-trois items, mais uniquement des questions concernant les caresses anales. L’appendice 3 donne le détail des données statistiques. On y retrouve deux tableaux :
Aimez-vous les caresses rectales ? Quel type ?
Q.I | Q.II | |
Oui | 211 | 230 |
De temps en temps | 58 | 78 |
Non | 268 | 363 |
« Je ne sais pas » | 80 | 106 |
Type apprécié (pour les femmes répondant « oui » ou « de temps en temps »)
Q.I | Q.II | |
Caresses | 63 | 142 |
Pénétration par le pénis | 83 | 63 |
Pénétration par le doigt | 77 | 70 |
Rappelons que, dans notre questionnaire, nous avons posé la question des caresses anales juste avant d’aborder franchement la sodomie. Parmi les 17 hommes qui sont caressés avec la main et la bouche, 11 le font également à leur partenaire et parmi les 4 qui ont la totale, seuls 2 ont une attitude réciproque.
16% des couples se caressent réciproquement avec la main ou le doigt. 7% avec la main et la bouche et enfin un seul couple utilise toutes les caresses proposées l’un et l’autre.
Toujours dans les appendices du rapport Hite, on trouve un chapitre 9 intitulé « Vers une nouvelle sexualité de la femme ». À la question : Qu’est ce qui, dans le sexe, vous procure le plus de plaisir ? Sur 21 rubriques pas une référence à la sodomie. Question suivante : Qu’est ce qui, dans le sexe, vous procure le plus de déplaisir ? Sur 23 rubriques concernant 107 femmes une seule répond : la sodomie.
Fort de tous ces chiffres, on se précipite sur les 900 pages à la recherche d’un développement, d’une explication, de témoignages de femmes dont l’ouvrage est rempli. Nenni ! Rien ! Pas une ligne ! La lecture a été tout de même enrichissante. Conclusion : aucune femme ne ressemble à une autre. Ce n’est pas dans cet ouvrage que nous allons trouver la réponse à notre question : l’anus est-il un organe sexuel ?
Le gros inconvénient du rapport Hite, c’est qu’il ne s’adresse qu’à des femmes, sur ce qu’elles font, mais on n’y trouve rien sur ce qu’elles font à leur partenaire et encore moins à l’anus de celui-ci. Il est presque impossible d’obtenir des renseignements sur la sexualité anale de la femme vers l’homme. Lors de recherches dans PubMed ou Medline la notion « anus » renvoie irrémédiablement à « men having sex with men ». Il est presque impossible d’y trouver une référence hétérosexuelle.
Parmi les anciens, mais plus près de nous : 1976-1994, entre Québec, Genève et Marseille, C. Crépault, G. Abraham, W. Pasini et R. Porto ont apporté leur contribution à l’étude des fantaisies et des secrets de l’imaginaire érotique des femmes. [33][34] Les auteurs analysent la sexualité anale avec partenaire hétérosexuel mais également par autostimulation.
Dans l’article de R. Porto, 91% des hommes pratiquent « une forme quelconque de sexualité anale », 88% caressent l’anus de leur partenaire féminine, 63% la sodomisent. Un tiers trouvent du plaisir à l’introduction d’objets divers et aux caresses buccales. Seules 78% des femmes s’intéressent à la région anale de leur partenaire masculin, 75% caressent, 28% « se contentent de cela », 43% exercent une pénétration avec le(s) doigt(s) ou un objet. L’auteur résume la situation ainsi : 63% des hommes sodomisent les femmes, 43% des femmes « sodomisent » les hommes ! Enfin, l’auteur rappelle les frontières de cette sexualité encore singulière avec la douleur, l’agression et le viol. Pour R. Porto, « incontestablement, la sexualité anale mutuellement acceptée et physiquement préparée représente à la fois l’induction de l’intimité et son indicateur ». [111][112]
La littérature nous livre parfois des informations anecdotiques : en 2004 une étude a répertorié sur 498 sujets britanniques, 26 hommes (7,2%) et 14 femmes (10,4%) ayant l’expérience de la sexualité anale hétérosexuelle : 79% se déclaraient sexuellement expérimentés et leur partenaire également à 83%. Lors de ce rapport anal, 43% des sujets avouaient être sous l’emprise de l’alcool ou d’une drogue et 41% accusaient leur partenaire d’être dans cet état modifié. [102]
En 2002, le département de psychologie de l’Université of Tromsø a envoyé au hasard 5000 questionnaires par la poste à des Norvégiens de 18 à 49 ans. 45% ont répondu. Leurs conclusions sont : il existe une séparation significative entre les hétérosexuels exclusifs, les bisexuels et les homosexuels exclusifs en ce qui concerne leur comportement sexuel et le nombre de partenaires. Les homosexuels sont « rares » à l’exception des « homosexual fantasies in women ». Les bisexuels ont plus de partenaires, plus de rapports oraux, anaux, que les hétérosexuels, ils ont plus jeunes au moment de leur première masturbation et de leur premier orgasme. [149]
On peut donc trouver de la littérature médicale sur la sodomie, en évitant le mot « sodomy » pour les raisons exposées plus haut. « Anal intercourse » ou « anal penetration » sont plus appropriés. La plupart des articles parlent du coït, mais aucun n’aborde les pratiques sans pénétration, (à l’exception de N. Bajos), ni la satisfaction que peut apporter cet aspect marginal (sic) de la sexualité et encore moins ce que font (ou ne font pas) les femmes à l’anus de leur homme.
En revanche, ce dernier aspect est présent dans la littérature française, notamment dans les écrits du Marquis de Sade, [66] [123] [124], ou dans Histoire d’O [121], mais ceux-ci sont trop violents et « sadiques » pour entrer dans notre champ de réflexion. Pour parler de la douleur, de « Aïe, bobo ! » à « Fais-moi mal !» nous renvoyons le lecteur à P. Brenot. [24] Sans chercher à imiter les herméneutes contemporains, on trouve dans cette littérature toutes sortes de textes, des plus ordinaires, descriptifs, sans style, [48] [85] d’autres de la main d’écrivains illustres édités sous des pseudonymes et enfin des textes de grandes qualité littéraire, ce qui n’est pas désagréable et ajoute au plaisir de la lecture. Ce simple plaisir peut suffire à nourrir l’ambition de rassembler une « anthologie de la sodomie ». [68] Ce peut être aussi un premier roman, marquant les débuts d’un écrivain. [117] Le rayon des ouvrages vantant le plaisir anal s’accroit chaque jour. [26] [37] [96] [142] [146] [150] [156] [160]
Il n’est pas aisé de trouver des scènes relatant des pratiques anales où il n’y a pas de violence. C’est comme si c’était l’ultime « outrage » ou le dernier « abandon », comme si la douleur devait toujours précéder le plaisir. Marc Bonnet par exemple : « … jusqu’au fond, jusqu’à faire mal, puis devient douce et tantale, se faisant prier et désirer, donne, donne… donne ! » [13] ou avec France Huser : … Mais la douleur s’exalte, fulgurante : ses fesses sont contre lui, il les écarte et la pénètre. Elle s’attendait à quelque douleur inconnue, n’aurait pas été surprise s’il lui avait enfoncé un couteau dans la nuque ou au creux des reins. » [74] Patrick Drevet, lui, reste à la surface du corps, écho sensuel à la phrase de Paul Valéry : « La peau est ce qu’il y a de plus profond en nous. » [41] On peut trouver ces scènes décrites presque cliniquement comme chez Philippe Sollers, narrateur [138] ou chez Catherine Millet actrice, si on peut dire, tant elle est soumise et consentante. [99] Il peut s’agir de descriptions sans intérêt [48] [122], d’un manifeste prosélyte pour la liberté des mœurs [107] ou au contraire pour la morale [60] ou encore d’une simple référence mercantile: « Lundi, c’est sodomie. » [63] Le Prix Goncourt 2006 nous apprend que cette pratique existe dans l’enfance et que même celui qui sodomise peut ressentir la douleur avant le plaisir : La sœur du narrateur : « Tiens, expliqua-t-elle. Là, il ne peut rien arriver ». [90]
Une autre notion, connue du proctologue, est la préservation de l’hymen. Qui mieux que Malek Chebel pour en parler ? « Mais, lorsque l’appréhension du dépucelage est trop forte, la voie anale semble constituer un exutoire, assez répandu, qui permet que le désir masculin s’exprimât librement ». [131] On voit, en effet, en consultation des jeunes femmes porteuses de MST ano-rectales qui n’ont jamais eu de rapports vaginaux. Leur origine s’étend du Levant au Couchant, du Machrek au Maghreb. [77] De nombreux auteurs ont pris la plume avec un dessein anticlérical ou anticonformiste comme Alain Paucard. [107] On a longtemps imaginé les conflits névrotiques qui devaient se livrer dans le cerveau des femmes croyantes livrées à leurs pulsions sexuelles. Il suffit d’imaginer des jeunes filles de la bourgeoisie face au jeune Sigmund Freud au 7 Rathausstrasse à Vienne à partir de 1886.
Il semble bien que la libération de la sexualité ait fait son œuvre. En effet, les différences dans les pratiques sexuelles observées dans les études anciennes en fonction de la religion tendent à s’estomper, quelle que soit la religion, pour la fellation, le cunnilingus, la masturbation, mais pas pour la pénétration anale. L’âge de la femme est un facteur déterminant. Plus la femme est jeune dans le couple, plus la sexualité anale y est présente, sous une forme ou une autre. [8] Nous voyons là la résultante de deux phénomènes concomitants : la quasi absence d’éducation à la sexualité (familiale et scolaire) et la facilitation de l’accès des adolescents aux images pornographiques. La sexualité anale y est surreprésentée, banalisée, rendue presque obligatoire. On comprend dès lors le fossé qui se creuse entre les propositions des garçons et les attentes des filles lors des premiers rapports sexuels chez les adolescents. Toutes ces problématiques sont analysées dans plusieurs ouvrages de P. Brenot. [20] [21] [22] D. Dumas nous livre « La sexualité des « ados » racontée par eux-mêmes ». [42] D. Belloc pose la question : Quelle éducation à la sexualité permettrait de réduire la violence sexuelle à l’égard des filles pendant l’adolescence ? [10]
Dans un ouvrage de 2010, M.-L. Gamet et C. Moïse analysent « Les violences sexuelles des mineurs ». [59] Dans la préface M. Bonierbale suggère à la machine politique d’utiliser ce travail « pour mieux diriger la barque, car les voiles sont en berne et le brouillard à l’horizon ». Dans un lycée, on a demandé à des jeunes de 15 à 17 ans, garçons et filles, ce dont ils aimeraient entendre parler. La sodomie vient en troisième place après préservatif et pilule. L’auteur avoue qu’elle n’avait pas de questions sur ce type de pratiques sexuelles il y a une dizaine d’années. « Madame, pourquoi les garçons nous demandent-ils tout le temps des sodomies ? » En l’absence d’une éducation à la sexualité structurée et encadrée, celle-ci est laissée dès 16 ans aux seuls films pornographiques, ce qui conforte l’idée que les garçons « vont devoir faire jouir les filles » et demander des pratiques sexuelles de tous ordres pour tenter d’y arriver. Les jeunes filles ne comprennent pas et sont dégoutées devant les demandes des garçons, qui, dans un manifeste malentendu entraîné par les normes pornographiques, croient être dans leur bon droit. Ou bien faudrait-il que les garçons adeptes de la sodomie rencontrent les filles soucieuses de leur hymen !
L’éducation des adolescents à la sexualité reste un combat permanent. N’oublions pas que des associations familiales catholiques parvinrent, en 1998, à faire annuler (pour vice de forme !) par le Conseil d’État, la circulaire du 16 novembre 1994, instaurant l’éducation sexuelle pour les élèves des classes de 4ème et de 3ème de tous les collèges français. ([21] pp16-17) Enfin, en janvier 2011, lors des Voeux au Corps Diplomatique, le Pape Benoit XVI a déclaré: "Je ne puis passer sous silence une autre atteinte à la liberté religieuse des familles dans certains pays européens, là où est imposée la participation à des cours d'éducation sexuelle ou civique véhiculant des conceptions de la personne et de la vie prétendument neutres, mais qui en réalité reflètent une anthropologie contraire à la foi et à la juste raison." Dont acte !
Enfin, nous citerons les ouvrages qui intègrent la sexualité dans un cadre bien plus vaste : un biologiste: J.D. Vincent (le plaisir et la douleur, la douleur-passion) [153], des philosophes : A. Braconnier (la guerre des sexes) [19] E. Badinter (l’homme dur, l’homme mou) [6], H. Laborit (« nous ne sommes ni anges, ni bêtes, mais simplement des Hommes ») [83] et un sexologue, J.G Lemaire, auteur d’un important ouvrage sur le couple et notamment sur le pouvoir dans ce dernier. [86]
Il a été publié bien peu de littérature médicale sur ce sujet, au regard des textes littéraires qui n’ont jamais cessé de paraître malgré toutes les censures des siècles passés. Puis, dans les années 60 vint la libération sexuelle : cinémas X, remplacés par les cassettes VHS, bientôt détrônées par les DVD et c’est l’explosion des publications vidéos actuelles dans lesquels on ne trouve pratiquement plus aucun film X sans sodomie. Les rapports entre érotisme et pornographie, la « prégnance » de cette dernière, son implication dans nos sociétés contemporaines ont été remarquablement analysés par notre coreligionnaire Bordelais P. Baudry. [9]
A l’occasion du 30ème anniversaire des vidéos Marc Dorcel, leader européen de la production de films pour adultes, l’Ifop a réalisé la première grande enquête sur les comportements et les pratiques des Français en matière de films pornographiques. Les études dans ce domaine sont rares. Que peut-on retenir de cette étude ? [164]
89% des 1016 personnes de 18 ans et plus interrogées ont visionné au moins une fois un film X. 3% des hommes et 17% des femmes déclarent n’avoir jamais regardé de film X. 47% des hommes et 23% des femmes disent que les films ou les extraits visionnés ont participé à leur découverte et à leur apprentissage de la sexualité. 72% visionnent ces films X en couple. Pour 31% des couples, cela incite à de nouvelles pratiques sexuelles et 38% ont essayé de reproduire des scènes ou des positions vues dans les films. 84% des personnes interrogées déclarent que la sexualité présentée dans ces films est très éloignée de leur pratique sexuelle. Parmi les critères de satisfaction, la présence de la pratique anale est jugée importante pour 24% en général (34% pour les hommes et 14% pour les femmes). Ces chiffres sont concordants avec nos propres résultats concernant la sexualité anale.
Il faut également noter une particularité constante dans ces films : la nécessité de filmer l’éjaculation. Cela oblige le réalisateur à inventer un nouveau concept dénommé « creampy » qui laisse le partenaire éjaculer dans le rectum. On attend ensuite que la femme « expulse » le précieux liquide. Le fait que l’accès à ces films soit facilité pour les jeunes générations explique en grande partie l’augmentation de ces pratiques anales au fil du temps. [8] Les caresses occupent bien peu de temps dans les films X. Ce qui n’est pas le cas des couples formant notre panel.
Dans notre étude, le croisement de nos résultats nous permet d’approfondir nos données en fonction de l’âge de la femme, de la durée de vie du couple ou de sa différence d’âge et cela aboutit à la constitution de quatre groupes : les circonspects, les sceptiques, les adeptes et les experts. Ces familles sont définies en fonction de leur qualité de vie sexuelle, de leur propension aux caresses anales, de leur pratique de la sodomie et des « bénéfices » tirés de cette dernière.
Les circonspects sont des couples avec une différence d’âge inférieure à 5 ans (80% du panel) ou se situe entre 11 et 15 ans (8%). Leur vie sexuelle est excellente ou très bonne : 38% pour les premiers et 25% pour les seconds. Ils pratiquent les caresses anales réciproques à 46 et 50 %. La sodomie représente 24 et 0 % respectivement. Ils n’en tirent aucun bénéfice. 71% des femmes ont moins de 25 ans, sont étudiantes, ont eu un rapport sexuel dans les 24 heures avec orgasme (57%). Seules 28% ont reçu des caresses anales et pratiquent la sodomie, dont 25% de façon régulière, avec orgasme anal et amélioration de leur vie sexuelle.
Les sceptiques sont en couples depuis plus de 15 ans (28%) ou depuis moins de 5 ans (47%). Leur qualité de vie sexuelle est excellente ou très bonne : 19% pour le premier groupe et 54% pour le second. Les caresses anales concernent 45% et 41%. La sodomie est pratiquée par 37 et 41%. L’amélioration sexuelle : 40 et 26% respectivement. Les femmes de plus de 45 ans ont une qualité de vie sexuelle très bonne ou excellente à 22% et des caresses anales réciproques à 52%. 37% pratiquent la sodomie et 20% ont une vie sexuelle améliorée par la sexualité anale. Pour celles entre 25 et 35 ans : 48% de vie sexuelle excellente ou très bonne, 39% de caresses anales, 46% de sodomie et 50% : vie sexuelle améliorée par la sodomie.
Les adeptes représentent 11% des couples. Ils sont ensemble depuis 11 à 15 ans. 50% ont une vie sexuelle très bonne ou excellente. 60% se font des caresses anales réciproques. 52% pratiquent la sodomie et pour 40% cela augmente leur satisfaction sexuelle. 14% de ces couples sont ensemble depuis 6 à 10 ans. 31% ont une excellente vie sexuelle, 62% se font des caresses réciproques, 61.5% pratiquent la sodomie dont 40% avec satisfaction. Les femmes entre 35 et 45 ans déclarent à 46% avoir une excellente vie sexuelle, 63% de caresses anales, 58% de sodomie avec une satisfaction à 36%.
Les experts représentent des couples avec une différence d’âge de 6 à 10 ans (4%). 60% sont satisfaits de leur vie sexuelle. 80% pratiquent les caresses anales et 80% la sodomie mais seuls 25% ont une vie sexuelle améliorée par la pratique anale. Lorsque la différence d’âge est supérieure à 15 ans (4%), tous les couples sont «reconstitués», 50% ont une vie sexuelle excellente, 50% se font des caresses anales, 75% de sodomie et 67% ont une amélioration de leur vie sexuelle.
Le clitoris, quand il est excité lors de l’acte sexuel, transmet cette excitation aux parties féminines voisines, « un peu à la façon dont les copeaux de résineux peuvent servir à enflammer le bois le plus dur ». Il faut souvent un certain temps jusqu’à ce que ce transfert soit accompli, un temps pendant lequel la jeune femme est « anesthésique ». [55] (S. Freud dixit, nous dirions aujourd’hui : comme anesthésiée momentanément) Cette anesthésie peut devenir durable lorsque la zone clitoridienne se refuse à céder son excitabilité ». La femme est dans ce cas incapable d’avoir le moindre plaisir sexuel provenant de l’anus.
La question est plus complexe encore chez l’homme. Pour lui l’orgasme est habituellement contemporain de l’éjaculation. Et on peut se demander comment l’homme peut parvenir à jouir d’être pénétré. Jouit-il ? Est-ce l’aboutissement d’un apprentissage ? Il arrive que l’homme, qui atteint l’orgasme par stimulation anale, expulse du sperme avec une verge molle. La notion de « don de soi », de « possession totale», de soumission ou voire d’humiliation que véhicule la sodomie perd ici tout son sens, ou en tout cas, s’inverse. Serait-ce là le « fondement » de la réticence des hommes envers leur propre anus ? Mais on peut aussi répondre : qu’importe ! Du moment que cela vous excite ! Au de là des théories simplistes régissant le couple [65], A. Braconnier et E. Badinter [19] [6] ont analysé la notion de réceptivité associée à la féminité et les valeurs de l’actif liées à la masculinité. Serait-on en train d’assister dans les jeunes générations à une « transmutation des valeurs » ? [150] Le réceptif considéré comme faible peut également accueillir, enserrer, retenir, dévorer, aspirer… En fait, que ce soit pour la femme ou pour l’homme, la sodomie, peut effectivement être vécue comme un don de soi, mais un don ou on ne perd rien… bien au contraire. Et pour se donner totalement ne faut-il pas d’abord s’appartenir totalement : c’est peut-être pour cela que bien peu en sont capables.
Sur le plan du concept de santé sexuelle, la sodomie apparaît comme quelque chose de normal. L’homme croit, et les médias renforcent cette idée, que pour être un « vrai homme » il faut sodomiser. Chez l’hypersexuel, la sodomie devient permanente, ludique, anormale. Le sphincter anal est devenu automatique par apprentissage au cours de l’évolution, puis l’hominisation a permis au cortex cérébral de prendre le contrôle d’une partie du corps et de l’amener au niveau de la conscience. En fait, pour être plus exact, l’Homme a pris le contrôle de deux régions : le pharynx et l’anus. [23]
Sur le plan anthropologique, au cours de l’évolution des espèces, l’Homme a pris le contrôle des dix premiers centimètres de son tube digestif. Son pharynx se distingue alors des grands singes. Il devient capable de parler. [109]
L’Homme a également pris possession des quelques centimètres de son canal anal. Le singe n’a jamais réussi à contrôler son anus, même après apprentissage. En revanche, l’humain est parvenu à inculquer ce contrôle anal à un animal, plus que domestique : familier : son chien. [23]
Y a-t-il une crise contemporaine de la sexualité ? Dans le sexe mécanique, D. Folscheid voit le sexe comme une nouveauté. Constitué en discours, le sexe est devenu sexologie et parle sous forme « sexophonique». Avec le porno pour paradygme, le séducteur est devenu baiseur. Un nouveau type de liberté s’est imposé : « la liberté libérée », qui ne nous laisse d'autre choix que de consentir à ce que le sexe exige. Pour être dans le ton et dans le vent, il ne s'agit plus d'aimer, même plus de faire l'amour, mais de « faire du sexe ». [51]
Et, si, pour conclure, il nous fallait une morale, nous l’emprunterions volontiers à Nicolas de Chamfort dans ses Maximes et Pensées de … 1795 :
« Jouis et fais jouir, sans faire de mal ni à toi ni à personne, voilà, je crois, toute la morale. [30]
CONCLUSION
Nous dirons avec M. Lachowsky que les hommes et les femmes recherchent de plus en plus une vie sexuelle satisfaisante. Nous n’avons extrait qu’une infime partie des enquêtes citées précédemment. Il faut sortir des clichés sur le coït au profit de la qualité de vie. « La qualité sexuelle est un des éléments indissociables de cette qualité de vie sans laquelle cette nouvelle quantité n’aurait guère de sens et encore moins d’attraits ». [91]
Nous ne rappellerons pas les précautions et les préventions dont nous avons fait état avec P. Brenot et M. Bozon au début du chapitre II. Par delà tous les chiffres que nous avons mentionnés, nous ne voudrions pas regarder la sexologie avec les yeux d’un adepte de la zététique chère à Henri Broch, [27] mais avec la modestie que confère l’art du doute cartésien, et pour reprendre le mot du biologiste Jean Rostand, avec « une hygiène préventive du jugement ». [119]
Peut-être devons-nous faire abstraction de nos connaissances chiffrées et donner la priorité à la singularité, au caractère unique, inimitable, à la complexité que nous offrent les couples qui cherchent de l’aide, ne sachant par quelle extrémité prendre l’écheveau qu’est devenue leur relation.
Nous ne rappellerons qu’une seule notion qui résume notre travail :
50% des femmes et 70% des hommes de notre panel pratiquent la sodomie. En terme de couples cela représente 26% qui aiment et sont les « experts » de notre succincte classification. Ce sont les hommes qui aiment le plus et en tirent une meilleure satisfaction sexuelle.
Que retenir pour nos disciplines respectives ? Peuvent-elles continuer à s’ignorer mutuellement ?
Nos maîtres nous ont appris que la pratique de la sexologie comporte un tiers d’éducation, un tiers de conseils et un tiers de thérapeutique.
Pour les sexologues, continuer à donner à l’analité la place qu’elle mérite et rappeler les tenants et aboutissants singuliers des pratiques anales. Pour paraphraser M. Bonierbale qui compare le couple à un duo de musiciens, « il faut que la médecine reste un art, qu'on cesse de tirer sur le pianiste, et qu'il y ait de nouvelles promotions d'artistes ». Pourquoi pas des gastro-entérologues-proctologues dans de futures promotions ? [12]
Pour les proctologues, le plus souvent, la sexualité se résume à extraire, sous anesthésie générale, des objets incarcérés dans des rectums. Il leur faut acquérir suffisamment de connaissances en sexologie pour améliorer la prise en charge des patients présentant un trouble sexuel ou simplement délivrer des conseils. Ce sont, en fait, le plus souvent des femmes qui s’interrogent sur leur sexualité anale. Elles apprécient, se culpabilisent et se demandent si elles peuvent continuer sans risque. Elles sont frustrées car elles aimeraient mais n’y parviennent pas. Elles ont déjà connu une expérience douloureuse et cherchent à rejoindre le groupe des femmes satisfaites de leur pratique anale.
Débarrassée aujourd’hui de son parfum de soufre, ayant abdiqué son statut de péché mortel, la sexualité anale et la sodomie en particulier, échappent désormais à la transgression des lois morales. Au même titre que l’onanisme, que la fellation, que le saphisme, que l’anulingus et autres fioritures, la sodomie n’est plus une pratique infâme, et ses zélateurs des pervers criminels à clouer au pilori. Elle s’est gentiment banalisée et fait maintenant partie des «questionnaires de nos Proust audiovisuels». [68]
De gustibus et coloribus non disputandum [148]
Les goûts et les couleurs ne se discutent pas.
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